Marc Jedliczka est le Directeur Général de l’association HESPUL, qui cumule vingt ans d’expérience dans le solaire photovoltaïque et est spécialisée dans le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Découvrons ses réponses à nos trois questions sur l’énergie solaire !

 

logo-hespulL’association Hespul a pour objectif de contribuer à l’avènement d’une société sobre et efficace, reposant sur les énergies renouvelables, tout en défendant les valeurs d’équité et d’intérêt général.

 

 


Quelle est selon vous l’importance ou l’urgence du développement des énergies solaires ?

photo marcjedliczkaAu-delà des énergies solaires stricto sensu (thermique et photovoltaïque), ce sont toutes les énergies renouvelables (éolien, hydraulique, biomasse, biogaz, géothermie, etc.) qu’il est essentiel de développer sans attendre et à grande échelle, si l’on veut pouvoir répondre à l’ensemble des enjeux vitaux auxquels l’humanité doit désormais faire face du fait de sa propre consommation débridée d’énergie fossile et fissile.

On pense aux bouleversements climatiques bien sûr, mais aussi aux risques d’accidents majeurs comme Fukushima, aux déchets toxiques, aux pollutions locales ou encore l’épuisement des ressources à horizon de quelques décennies seulement.

Ceci est d’autant plus souhaitable que les énergies renouvelables sont d’ores et déjà compétitives, alors même que leurs concurrentes sont loin de payer le coût des dégâts qu’elles occasionnent et occasionneront pour certaines sur de très longues durées. Alors que les solutions permettant d’assurer un approvisionnement 100% renouvelables sont aujourd’hui connues et n’attendent que d’être mises en œuvre, comme par exemple le « power-to-gas » qui permet de faire le lien entre des vecteurs énergétiques et des usages habitués à se faire concurrence.

 

Dans 20 ans, quelle vision avez-vous du solaire ?

Le solaire photovoltaïque représentera sans nul doute à l’avenir une part importante de l’approvisionnement électrique au niveau mondial comme aux niveaux européen et français, mais on peut craindre que notre pays ne soit pas à la hauteur de son énorme potentiel physique, économique, industriel et social dans les 20 prochaines années. Les puissants freins au développement de l’électricité renouvelable qui font prendre du retard à la France se trouvent dans un système règlementaire et dans un jeu d’acteurs qui a été construit autour du nucléaire, une technologie hyper-centralisée qui ne peut exister et survivre que dans une situation de monopole qui ne correspond plus ni aux technologies ni aux évolutions pourtant aussi inéluctables que souhaitables de la société vers la diversification, la décentralisation et ce que l’on est en droit d’appeler une démocratie énergétique ancrée au cœur des territoires.

L’avenir du solaire thermique est nettement plus incertain essentiellement pour des raisons d’usage (la chaleur ne se traite pas du tout de la même manière que l’électricité en termes d’usages, de disponibilité et de flexibilité) et parce qu’il y a malheureusement peu de progrès à attendre du côté de la recherche et de l’industrie pour faire baisser les coûts de production et de stockage. On est plutôt ici dans une logique de « marchés de niches »  qui ont bien entendu tout leur intérêt mais il est peu probable que la contribution du solaire thermique à la transition énergétique soit quantitativement significative.

 

Quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit avec l’expression « 2-en-1 » ?

Pour moi, cela renvoie à une notion absolument centrale qu’il faut toujours avoir à l’esprit : avant de parler production d’énergie en s’inscrivant dans une logique de l’offre, il faut partir des besoins et des usages de l’énergie en réfléchissant aux manières de réduire la demande, soit par le changement des comportements individuels et collectifs (la sobriété), soit par l’amélioration de l’utilisation que nous faisons de l’énergie (l’efficacité) et encore mieux par une combinaison des deux. Ce n’est qu’à cette condition que le développement des énergies renouvelables peut prendre tout son sens car les actions sur la demande augmentent mécaniquement leur contribution à la satisfaction des besoins de services énergétiques (et non d’énergie en tant que telle) qui caractérisent l’humanité. On doit ainsi avoir toujours à l’esprit l’équation « transition énergétique = maîtrise de la demande + développement des renouvelables » !